Breakers

(1/1)

Breakers   Nom : Breakers
Editeur : Visco Games
Machine : Neo-Geo
Année : 1996
Genre : Baston

 

On veut de la baston !

Les 10 années qui ont suivi la sortie de Street Fighter II ont vu naître une quantité considérable de jeux de combat 2D, rendant le genre sur-représenté, principalement en arcade. Une vingtaine d'années plus tard, quelques rares titres auront réussi à se démarquer pour rester gravés dans nos mémoires, soit par leur ambiance bien marquée (Mortal Kombat, Killer Instinct) ou tout simplement par leur excellence (KoF, Guilty Gear X). Parmi tous les oubliés, beaucoup de nanars, certes, mais aussi quelques perles qui méritent qu'on s'y attarde, à l'image de Breakers, dont il est question aujourd'hui.

Breakers
L'intro défonce bien !

 

Breakers
8 personnages en 1996 c'est vraiment limite...

 

On veut de la contrefaçon !

Le jeu s'ouvre sur une petite intro à la sauce Neo-Geo avec d'énormes sprites des différents combattants qui défilent sur fond de musique entraînante pleine de basses, agrémentés de poses sexy du principal personnage féminin. J'aime ça et je met une pièce (virtuelle bien sûr, je suis pauvre et sur émulateur mais ne gâchons pas la magie du récit).

Sélection des personnages : ouch ! 8 combattants... C'est très très léger pour un jeu sorti en 1996 ! Certes, celui-ci aurait dû voir le jour 2 ans plus tôt mais le joueur n'est pas censé le savoir et il a eu le temps de connaître King of Fighters, les évolutions de SF2 et même les jeux de baston en 3D qui proposent tous un casting d'au moins 12 personnes. Bon, admettons que la qualité ait été privilégiée aux dépens de la quantité et voyons voir l'allure de ces valeureux guerriers. Le bon point c'est qu'il n'y a pas de clônes façon Ryu/Ken ou Scorpion/Sub-Zero. Par contre, tous ces personnages ne me semblent pas originaux pour deux sous... à vrai dire, j'ai même l'impression de les avoir déjà vu quelque part. En effet, dès l'écran de sélection et plus tard, lors des combats, je me rend compte que chaque perso est une copie plus ou moins grossière des combattants de Street Fighter 2, un peu dans le look mais surtout dans la façon de se battre ! Ainsi, Alsion III est la version égyptienne de Dhalsim, Rila est la soeur cachée de Blanka (elle aussi vient du Brésil !), Pielle est le clone ridicule de Vega Griffe, Condor le cousin germain et chauve de T-Hawk et Tia est un peu comme Ken dans le corps de Chun-Li (sans double sens pervers). Bien entendu, notre Ryu de service est également de la partie sous les traits de Sho et l'on peut deviner, plus subtilement pour une fois, le gameplay de Guile avec le personnage de Dao Long. Certes, ça n'est pas le premier jeu à s'inspirer, voire copier le grand maître SF2, mais c'est indéniablement celui qui le fait avec le moins de complexes !  Bref, pour l'originalité, on repassera.

Breakers
Pielle n'a pas seulement un look ridicule,
il a aussi une voix insuportable !

 

Breakers
Alsion III invoque ses pouvoirs divins.

  

On veut du spectacle !

Let's start et voyons ce que ça donne techniquement. Les graphismes sont plutôt plaisants avec des sprites bien réalisés et des décors plutôt beaux mais le design global est souvent bien kitch... Ok, c'est une habitude en arcade dans les années 90 d'avoir des couleurs qui pètent de partout avec un gros lettrage écrasant et des dégradés à foison, mais là, on est quand même à la limite du bon goût (le personnage de Pielle résume à lui seul ce manque de sobriété). Rien à redire sur l'animation efficace ainsi que sur les différents effets visuels qui font bien leur job.

Côté sonore, on souffre du même syndrome avec des musiques qui oscillent entre anecdotiques et agaçantes sans jamais parvenir à être, elles aussi, de bon goût. Heureusement, on se consolera avec les bruitages et les voix, dynamiques, omniprésentes et participant grandement au côté épique des combats tout en couvrant souvent les thèmes musicaux sans grand intérêt.

Malgré ce tableau peu glorieux niveau technique, Breakers est loin d'être visuellement ridicule et parvient à se maintenir dans une bonne moyenne pour le support. On sent juste qu'il accuse un certain retard face à la concurrence et aurait pu bénéficier d'un peu plus de sobriété.

 

Breakers
Les décors nous font voyager.

 

Breakers
Ce génie de la lampe est moins sympa que chez Disney.

  

On veut de l'amour aussi !

Après tout, ce que me disent mes yeux et mes oreilles c'est une chose, mais ce qui me donnera ou non un orgasme vidéoludique, ce sont les sensations qui passeront par mon stick ! Penchons-nous donc sur le gameplay. Sans grande surprise, on se retrouve avec une jouabilité à la SF2, adaptée aux 4 boutons de la Neo-Geo, comprenant les grands classiques désormais inévitables : chopes, coups spéciaux, combos, furies... Le minimum syndical auquel on aurait peut-être apprécié la présence de quelques ajouts originaux comme savent si bien le faire les jeux SNK. Comme dans SF2, selon les personnages, les coups spéciaux se réaliseront à base de quarts de cercles ou de coups en concentration (arrière 2 secondes, avant + poing par exemple). On prend donc très vite en main les personnages, pour peu que l'on ai déjà joué au hit de Capcom.

Grâce à cette jouabilité intuitive et malgré l'impression de déjà vu, je me surprend à enchaîner les rounds, à découvrir des combos dont certains sont aussi simples qu'efficaces et je me dit que ce "petit jeu" est tout même très agréable ! Les combats sont très rythmés, dynamiques, puissants, les coups s'enchaînent avec une fluidité exemplaire et je me dit que l'orgasme vidéoludique dont il était question plus haut n'est pas bien loin ! Breakers, qui apparaissait d'abord comme un simple copié/collé de SF2, parvient à se démarquer de son modèle en proposant une expérience unique et des sensations qui lui sont propres ! ...Lâche pas le stick, je sens que ça vient !

Question durée de vie, le scenario prétexte (un homme d'affaire possédé par un démon crée le tournoi du FIST... sans commentaires !) nous offre un mode solo à la difficulté standard pour le support (comprenez par là que vous irez assez facilement jusqu'au boss mais allez galérer comme des malades pour le vaincre !). Par contre, en versus, le gameplay, simple mais très bien huilé, nous promet une durée de vie infinie et c'est là que Breakers prend tout son intérêt. Petit détail amusant : lorsque vous affrontez votre double, celui-ci a un nom et une palette de couleurs différents (ok ça ne sert à rien mais c'est peut être la plus grande originalité du jeu par rapport à ses concurrents).

Breakers
Il ne faut pas caresser Rila à rebrousse-poil...

 

Breakers
Non mais sérieux, c'est quoi ce pantalon ?

 

On veut une revanche !

Deux ans plus tard, en 1998, Visco sort Breakers Revenge. Une fausse suite dont les ajouts sont tellement maigres qu'ils ne méritent pas un test complet ! La grosse nouveauté de ce Breakers 1.1 est le nouveau personnage, Saizo, un ninja semblant s'être échappé de Samurai Spirits, évoluant dans un décor en image de synthèse dégueulasse, à l'image de ses furies. On trouve également un réequilibrage du jeu bienvenu, quelques modifications au niveau des palettes de couleurs des décors et une refonte complète des portraits des protagoniste, au style à la fois moche et incohérent avec le reste du graphisme... L'image de Tia a été massacrée et ça, je ne leur pardonnerai jamais ! Bref, elle a beau être la version ultime de Breakers, cette suite ressemble d'avantage à une mise à jour qu'à un nouvel épisode. 

Breakers
Le décor de Saizo dénote un peu...

 

Breakers
Pielle passe d'italien à français dans Breakers Revenge !

 

On veut conclure !

Alors ok, Breakers est un plagiat de Street Fighter II, il est souvent kitch, un peu simpliste et ne révolutionne pas le genre... mais il est tellement agréable ! Une jouabilité juste parfaite, plus originale qu'il n'y parait, associée à une réalisation super dynamique font de Breakers un jeu véritablement fun, efficace et jouissif, dès la première partie !

A cause de ce manque d'originalité, de sa sortie un peu tardive, d'aucune adaptation console et d'une distribution presque exclusivement limitée au Japon, le jeu passera quasi inaperçu lors de sa sortie en 1996 et ce n'est pas sa fausse suite de 1998 qui renversera la tendance. Néanmoins, grâce à l'émulation, le titre connaîtra un engouement croissant auprès des fans de baston "old school" toujours avides de nouveaux jeux "à doser". Il n'est d'ailleurs pas rare de le voir tourner aujourd'hui lors des conventions ou des tournois, entre un King of Fighters 98 ou un Super Street Fighter 2 X ! C'est aussi ça l'émulation et le retrogaming : donner une seconde chance aux bons jeux qui n'ont pas bénéficié d'un environnement propice lors de leur sortie. 

Breakers
Ah ça, c'est de la boule de feu !

 

Breakers
Le boss de fin vous frappe avec ses cheveux !

 

La note du gros JYP : 3etoilesetdemi

 

Copie de maître

Pour moi, le meilleur plagiat de Street Fighter II !

 

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Vidéo de gameplay sur 1 crédit :

Article rédigé par JYP le 29/04/2015